Categories: Cap-VertPays

L’île de Santo Antão au Cap-Vert

La visite du Cap-Vert ne pouvait être complète sans se rendre sur la sauvage île de Santo Antão. C’était elle, presque la seule raison pour moi de venir visiter ce pays qui m’était inconnu.
Nous y sommes restés quelques jours, le temps de découvrir un peu Ponta do Sol et ses alentours.
Si je n’avais pas été enceinte, j’aurai voulue faire le tour de cette île, me rendre sur sa côte ouest, vers Tarrafal, puis me perdre dans un trek vers Alto Mira, là où elle semble la plus sauvage, la plus brute, la plus libre également. Mais ce n’est que partie remise !

Arrivée sur l’île de Santo Antão

Depuis Mindelo sur l’île de Sao Vicente, nous prenons le ferry pour rejoindre Santo Antão. J’y avais lu que les liaisons étaient compliquées : ligne aéronautique abandonnée car appareil trop vieux, bateaux rustiques, liaisons assez compliquées car pas mal d’annulations de dernière minute…
Au final, tout est très bien organisé. Nous nous sommes renseignés le matin des horaires de départ via notre hôtel, et nous sommes rendus 30 minutes avant pour acheter nos tickets et embarquer.

La traversée dure un peu plus d’une heure. Petit à petit, je découvre Sao Vicente vu de la mer : ses crêtes se dessiner, les maisons immenses sur les pointes des montagnes, et, à l’opposé, encore un peu brumeuse, Santo Antão. Une petite fille est très intriguée par mon réflex, elle passe le trajet à le regarder, à s’approcher de moi de plus en plus, presque à me “coller”. Une occasion de faire une photo ensemble !

Si vous n’êtes pas dans votre assiette dans un bateau, rassurez-vous, vous ne serez pas seul.e. Beaucoup de cap-verdiens étaient vraiment mal lors de la traversée, alors que la mer était plutôt calme ;)

Arrivés à l’embarcadère de Porto Novo, c’est la foire d’empoigne ! Tous les rabatteurs de transports nous harcèlent pour monter dans leur “Aluger” (le terme ici pour véhicule de transport):  mini-bus / 4×4 / voiture. Rayez la mention inutile ;)
La route dure quelques heures. Je vous avoue que je ne saurai dire si c’était 2 ou 4. C’était long, mais tellement beau ! Nous déposons des passagers à chacun des villes que nous traversons. Entre deux, nous surplombons l’océan turquoise depuis la route de la Corde qui suit les côtes escarpées de cette île volcanique.
Parfois, la route est assez défoncée, j’ai des contractions mais le trajet se fini bien ! Nous arrivons dans le village de Ponta Do Sol, au pied de notre hôtel.

Et là, je m’effondre en larmes. Tout est lavé de gris. Autour de moi, le paysage est horrible. Je balaye rapidement les alentours. Poubelles qui vomissent leurs contenus, plastique et tôles en métal, des immeubles en construction à n’en plus finir.
Sur ma droite, l’hôtel où nous allons rester porte des couleurs criardes sur ses façades, comme pour essayer d’égayer un peu la situation. Raté. Déprime. Montée d’hormones, fatigue ou tristesse de voir la Terre être ainsi traitée par l’homme ? je ne sais pas. Je suis totalement désorientée.
Hugues me propose de me reposer dans la chambre. Celle que l’on nous a réservé a une fenêtre qui donne sur l’immeuble mitoyen, dont les fenêtres voisin, qui vit dans un appartement de parpaing, où il utilise des bâches en plastique en guise de fenêtre. J’ai dormi dans des lieux bien plus rudimentaires, et cela ne me dérangeait pas. Pourquoi alors suis-je aussi sensible ?

Soudain, deux détonations. Des coups de feu ! Je crie. Cela fini de m’achever. Je suis en sanglots. Je ne veux plus sortir. Je revis les attentats de Paris, que j’ai vécu en plein coeur, entre Bastille et Ledru-Rollin. Je ne pensais pas que je serai marquée autant.
Ces détonations, c’était le coup d’envoi d’une Fête de village visiblement. Les habitants dansent et déambulent dans les rues.
Hugues me réconforte et me propose de me reposer un peu, le temps qu’il demande à changer de chambre. Nous resterons tranquille le premier jour, histoire que je me remette du transport et des émotions…

Le Village de Ponta do Sol

Après une nuit de repos, nous passons les 2 journées suivantes à découvrir le village. Ponta do Sol a deux facettes, je vous l’avoue.

Une partie de ce village est très mignon : des ruelles bordées de jolies maisons colorées et ses bâtisses à l’architecture portugaise, menant sur le bord de mer, une jolie place avec la mairie, bien entretenue, les pavés au sol ajoutant la touche finale.
Une autre partie est totalement dévastée par l’industrie du bâtiment. Les buildings sont construits à la va vite, à se demander si autant de personnes vivent ici et ont besoin de ces logements. Ou peut-être sont-ils destinés à des Résidences pour touristes ? Certains sont en construction, alors que d’autres, avec d’immenses baies vitrées donnant sur la mer, sont abandonnés neufs, à la merci du vent, du sel qui rogne tout.

Ce qui fait la richesse de ce village, ce sont ses habitants.

L’insolite aéroport abandonné de Ponta Do Sol

S’il y a bien une chose insolite à visiter dans ce village, c’est bien son aérodrome abandonné !
Notre hôtel avait vue sur la piste d’atterrissage.  Le lendemain d’une bonne gastro, nous avons décidé de nous la “jouer cool” et c’est la ballade que je me suis autorisée :)

C’est vraiment étrange de marcher sur une piste d’atterrissage et de se dire qu’à l’époque des petits coucous arrivaient ici. La compagnie TACV a abandonné les vols en direction de Ponta do Sol, l’avion ayant atteint la limite d’âge. L’aéroport à été désaffecté dans les années 90, en raison de la présence de vents latéraux dangereux et de la météo trop souvent mauvaise pour autoriser les vol à vue. Preuve en est, en août 1999, un grave accident est survenu. L’avion utilisé par la TACV étant en panne, ils ont emprunté un modèle Dornier des gardes-côtes. 13 minutes après le décollage depuis São Vicente, le mauvais temps a forcé le pilote à faire demi-tour et l’appareil a heurté une montagne, faisant 18 morts.
De quoi refroidir de prendre l’avion au Cap-Vert !

 

À SAVOIR

Se rendre sur l’île de Santo Antao
Demander confirmation des départs le jour-J.

Départ de Sao Vicente (Mindelo)
Lundi au samedi : 8H00 – 15H00
Dimanche : 9H00

Départ de Santo Antao (Porto Novo)
Lundi au samedi : 10H00 – 17H00
Dimanche : 17H00

Durée : 1 heure de traversée
Prix : 810 escudos par personne

Où dormir ?

Sol Point Art
Rocha Grande, Ponta do Sol, Ribeira Grande Santo Antão, 1110 Ponta do Sol, Cap-Vert
Prix : 47€
Un hôtel aux airs de grande villa, les chambres sont confortables et spacieuses. La salle de bain ouverte sur la chambre est un peu surprenante au début. (surtout si vous venez en amis). Bien situé face à la mer et la piste aéronautique abandonnée, vous accèderez au centre ville en quelques minutes à pied.

Voir sur booking

Sabine KLEY

Designer Rouquine un peut fofolle, des yeux qui pétillent en voyage. Je me passionne à capturer des instants de vie & des émotions pour les retranscris à travers le prisme de ma sensibilité artistique dans ce blog depuis 2014.

View Comments

  • Bonjour
    Le gros village de Ponta do Sol n'est pas défiguré par "l'industrie du bâtiment", ce que vous avez vu c'est l'expansion lente et progressive d'un village qui se transforme doucement en ville, à un rythme et avec des moyens qui diffèrent de ce que vous connaissez dans les pays plus aisés. Les habitants et plus particulièrement les émigrants construisent leurs maisons peu à peu, il faut parfois économiser plusieurs années pour pouvoir bâtir l'étage supérieur. Les façades et la peinture se font en dernier, pour ceux qui en ont les moyens, sachant qu'il est plutôt inutile de cimenter les murs alors que le voisin viendra construire sa maison juste à côté dans quelques mois/années. Les moyens ne sont pas énormes, on préfère investir dans des meubles pour les chambres des enfants que dans une façade qu'il faudra refaire dans 4 à 5 ans après l'action du vent, du sel et du soleil.
    Et sinon, belles photos et jolis textes bien agréables.

    • Bonjour Keumi, merci pour ce message. Ce que j'ai vu, ce sont des investisseurs qui construisaient des complexes hôteliers et immeubles alors que d'autres n'étaient même pas terminés, abandonnés au stade de béton armé. Les petites maisons humbles des habitants locaux n'ont rien à voir avec mes propos :) Heureusement que l'économie locale se développe, pas au détriment de ceux qui vivent la bas depuis des générations :-)

Share
Published by
Sabine KLEY

Recent Posts

Tout savoir sur les transports au Sri Lanka

Le Sri Lanka, avec ses paysages spectaculaires et sa culture chaleureuse, offre également une aventure…

2 semaines ago

Maroc avec enfant : 2 jours dans le Haut-atlas et le désert de Zagora

Pour ce premier voyage en solo avec mon fils, je choisi de réaliser son premier…

3 semaines ago

Rastel d’Agay : une randonnée facile au panorama splendide

Cette fois-ci je vous emmène dans le Var, pour une randonnée facile et vraiment superbe,…

3 semaines ago

Maroc avec enfant : Aït Ben Haddou, village berbère à la beauté ancestrale

Le Ksar d'Aït Ben Haddou se situe au cœur de la vallée de l'Ounila, sur…

7 mois ago

Urbex Espagne : la maison abandonnée Can Munt

Nouvelle exploration urbaine en Catalogne, à une vingtaine de kilomètres de Barcelone. Nous partons à…

7 mois ago

Catalogne : randonnée au Congost del Mu

Le Congost del Mu, dans la Province de Lleida, est à seulement 2 heures de…

7 mois ago